Comme nous l’expliquons dans notre livre, jusqu'ici la piste virale n’était pas retenue par la plupart des spécialistes du CCD pour expliquer les effondrements observés. Et ce nouveau rapport n’apporte rien de plus sur le sujet. Ainsi, sur la bonne vingtaine de virus retrouvés dans les ruches américaines depuis deux ans, les virologistes du Centre biochimique d'Edgewood qui travaille pour la Défense américaine rappellent ici qu'ils ont découvert dans deux colonies un tout nouveau virus – passé totalement inaperçu - transmis par l’acarien Varroa destructor dans les colonies du Nord du pays. Baptisé VDV-1 (pour virus V. destructor), celui-ci a été identifié pour la première fois en Europe en 2006. Porté à la fois par l’abeille A. mellifera et par l’acarien qui l’infecte, il est rattaché à la famille des virus paralytiques. Il ne serait toutefois pas responsable du CCD, selon eux.
Pas plus responsable d'ailleurs que le fameux IAPV (Israeli Acute Paralysis Virus) qui a défrayé la chronique américaine en 2007 : plusieurs données que nous exposons dans L'étrange silence des abeilles montrent que ce virus de la paralysie aiguë, décrit par une équipe de Jérusalem en 2002, ne peut être considéré comme le killer numéro un des abeilles mellifères – ni des espèces sauvages, alors que ce dernier semble capable de les infecter. Ne serait-ce parce que l’équipe de l’USDA du Maryland a montré qu’au moins une des trois ou quatre souches de ce virus identifiées aux USA était présente sur le territoire américain plusieurs années avant les effondrements de ruchers (CCD). En outre, de part et d’autre de l’Atlantique, l’IAPV n’est pas toujours relié à des mortalités ou à des disparitions brutales et massives d’abeilles. Cela s'explique-t-il par la découverte faire par Diana Cox-Foster à l’Université de Pennsylvanie (PSU) ? Cette virologiste de l'abeille a en effet identifié que certains génotypes d’abeilles mellifères américaines sont capables de tolérer l’IAPV et d’autres virus. À suivre donc.
Plus troublante est la toute nouvelle étude de l'Université de l'Illinois, à Urbana-Champaign, encore sous presse, qui relance avec force la piste virale. Le groupe de May Berenbaum publie en effet dans la livraison du 1er septembre de la revue PNAS des résultats qui vont faire grand bruit. Car ils apportent la preuve qu'une forte infection de plusieurs virus entraîne des dérèglements majeurs dans la physiologie de l'abeille. Et ces dérèglements sont de nature à expliquer les effondrements des colonies (CCD)...
Pour découvrir ce mécanisme viral, lisez notre entretien exclusif avec May Berenbaum, et notre analyse de ses travaux.
Demain 10 septembre, la suite : Le rôle du micro champignon Nosema ceranae demeure incertain
LA SÉRIE...
(1) UNE PREMIÈRE ÉVALUATION TROP ... RICHE ?(2) UNE MEILLEURE DESCRIPTION DES ÉPISODES D'EFFONDREMENT (CCD)
(4) LE RÔLE DU MICRO CHAMPIGNON NOSEMA CERANAE DEMEURE INCERTAIN
(5) L’ACARIEN VARROA DESTRUCTOR N'EST PAS LE TUEUR UNIQUE.
(6) DES RÉSIDUS DE PESTICIDES AUSSI NOMBREUX QUE VARIÉS.
(7) COMBINAISONS EXPLOSIVES !
(8) DES CARENCES NUTRITIONNELLES INQUIÉTANTES.
(9) UN MARQUEUR DU CCD BIEN ÉTONNANT !