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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 15:59
La substitution entre espèces est-elle si pertinente ?

   Aujourd’hui quelques chercheurs poussent le bouchon plus loin encore en assurant, tels les bioéconomistes argentin Marcello Aizen et canadien Lawrence Harder, que « les abeilles mellifères sont des espèces envahissantes dans pratiquement toutes les zones où elles ont été introduites ; elles volent généralement le pollen des espèces de plante autochtone sans les polliniser ou, tout en les pollinisant sans grande efficacité, elles réduisent leur production de graines »[1]... Bigre !
Écologiquement illégitime et agronomiquement nulle,  Apis mellifera ne serait plus cette frêle victime à défendre, mais plutôt une espèce nuisible à éliminer. Quel retournement de situation !

                                                                                                                       © Framboise / Picasa album

   Il reste que même si l’on décidait que les abeilles sauvages sont la relève des colonies mellifères du futur, contrairement à l’espoir que forment ces différents chercheurs, ces espèces semi-domestiquées demeureront « incontrôlables » par les cultivateurs – A. mellifera est déjà si peu domestiquée...

   Et pour intéressantes que soient leurs contributions à la pollinisation agricole, elles représentent une goutte d’eau par rapport à la diversité des cultures visitées par l’abeille mellifère. Surtout, contrairement à la rumeur, ces élevages ne sont pas prêts de décoller rapidement. La raison? Leur reproduction. Revenons à l’exemple d’Osmia lignaria : l’espèce présente un sérieux handicap pour l’apiculture, car étant une espèce solitaire les éleveurs auront du mal à accroître sa population au-delà d’un facteur huit en un an, là où une reine d’A. mellifera peut transformer en quelques mois une ruche de quelques douzaines d’ouvrières en une colonie de 20 000 butineuses !
Et il n’est pas bien sûr que l’on parvienne à en produire suffisamment à un coût raisonnable. D’ailleurs, même James Canes, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux du genre, ne croit guère à son destin national : « Le nombre d’O. lignaria dont un cultivateur a besoin – au moins 500 par acre (un demi-hectare) -  est tel qu’elle ne remplacera jamais l’abeille mellifère ! »

   Sans compter que ne produisant pas de miel, l’abeille maçonne ne doit compter que sur la pollinisation pour faire le bonheur de son berger.

   Ainsi, en résumé, on peut dire qu’A. mellifera n’est peut-être pas la plus apte à disperser la précieuse semence mâle (le pollen) sur les fleurs femelles, mais elle a pour elle trois atouts clés pour l’agriculture et la reproduction de la diversité végétale : la force du nombre, le généralisme (diversité des plantes et des arbres visités), et la persévérance dans son travail de butinage.


LA SUITE :


(1) INTRODUCTION.
(2) ACTIVITÉ ABSURDE ET EN PÉRIL.
(3) UN PROBLÈME DE GESTION DU TERRITOIRE RURAL.
(4) RECOURIR AUX POLLINISATEURS SAUVAGES.
(5) LES ESPÈCES SAUVAGES SONT-ELLES MOINS MENACÉES QUE L’ABEILLE D’ÉLEVAGE?
(6) DES ESPÈCES SAUVAGES DÉJÀ EXPLOITÉES POUR L’AGRICULTURE.
(8) COMPLÉMENTAIRES, IL FAUT PRÉSERVER TOUTES LES SORTES D'ABEILLES.



[1] Aizen M. A. et Harder L. D. (2009) "The global stock of domesticated honey bees is growing slower than agricultural demand for pollination." Current Biology, 19 (sous presse).
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