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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 03:07

Même tendance pour les abeilles sauvages

Malgré des données exsangues pour l'entomofaune sauvage, limitées dans le temps et dans l’espace, Jacobus Biesmeijer est revenu sur son étude phare publiée en 2006 dans Science [1], que nous avons largement présentée dans notre livre. Grâce aux 500 000 données recueillies avant et après 1980 par un solide réseau de naturalistes amateurs, il a pu attester d’une réduction du nombre d’espèces dans 80 % des sites retenus en Grande-Bretagne et en Hollande (relire notre article). Plus nouveau, à Montpellier, il a précisé qu’en se référant à la Liste rouge (espèces menacées d’extinction) établie par l’Union Internationale pour la Conservation de la nature, le bourdon Franklin avait rejoint fin 2008 la grosse abeille Mégachile d’Indonésie Chalicodoma pluto sur cette liste sinistre.

Chalicodoma pluto

Les listes rouges nationales de huit pays recensent, toutefois, davantage d’abeilles en péril, puisque selon les experts qu’il a personnellement consultés, 47 % des abeilles de ces pays seraient en difficulté, voire en péril. Et selon son collègue Stuart Roberts de l’Université de Reading, sur 2 500 sous-espèces d’abeilles, ce sont évidemment les espèces spécialisées, dépendantes d’un seul type d’habitat ou d’une ressource florale qui sont les premières menacées par les changements écologiques. De même, celles qui ne produisent qu’une seule génération par an sont les plus vulnérables.

    Et d’après une enquête informelle menée par Biesmeijer auprès d’experts de douze pays européens la première des causes mises en avant pour expliquer ces pertes serait la dégradation des habitats et des ressources mellifères naturelles et agricoles ainsi que, semble-t-il, les concentrations de pesticides. Viendraient ensuite les “facteurs intrinsèques”, à savoir la rareté d’une espèce ou la faible densité de ses populations. Enfin, le mode et la dynamique de leur développement, ainsi que les changements climatiques. On peut s’étonner que ne figure pas la recrudescence des maladies et du parasitage des abeilles sur cette liste. Mais précisons qu’il s’agit ici seulement d’impressions éclairées, pas de données statistiques. Les maladies seraient-elles réservées, d’après ces spécialistes, aux seules colonies d’élevage ? Surprenant ! Pourquoi ces abeilles sauvages passeraient-elles au travers des filets de ces miasmes morbides : par la seule vertu de leur nature solitaire peu favorable aux épidémies ? Ou plutôt parce qu’elles échappent aux études épidémiologiques des spécialistes de l’abeille... ?

                                                                                                                                        © Dominique ge / Picasa album

À l’évidence, malgré ses travaux et ceux présentés à Apimondia par d'autres chercheurs européens, bien des données manquent à l’appel. Notamment sur les relations entre plantes et pollinisateurs, soumises à une série de bouleversements écologiques d’ampleur variable. Méconnaissance aussi sur les compétitions entre ces divers insectes au cours des processus subtils de pollinisation des cultures : qui fait quoi exactement, et pour quel « rendement » en termes de production de graines. Il y a là un bien joli champ d’étude à explorer !


LA SÉRIE...

1 - Un crû honorable.

2 - Un dépérissement qui se confirme et s'internationalise.

4 - L'enterrement du tueur unique.

5 - Revoir les pratiques apicoles trop intensives.

6 - Assurer une diversité mondiales des abeilles mellifères... et des apicultures.

 

[1] Biesmeijer JG et al. (2006) “Parallel declines in pollinators and insect-pollinated plants in Britain and the Netherlands”, Science, 313 : 351-354.

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