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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 07:56
Le rôle du micro champignon Nosema ceranae demeure incertain

   Dans ce pré-rapport de bilan des études sur le CCD américain, les équipes de l’Université du Nebraska, de l’USDA du Texas et du Maryland ainsi que par l’Université d’État de Washington (WSU) confirment la forte présence du micro champignon Nosema ceranae en terre yankee. Son étendue géographique - du Middle West à l’État de Washington, à l'extrême nord-ouest du pays – n’a d’égal que son développement très élevé dans plusieurs colonies où les chercheurs ont relevé plus d’un million de spores par abeille.


   Identifié en 2005 par l'équipe de l'Espagnol Mariano Higes, coordinateur du Centre apicole régional des communautés  de la Castille et de la Manche, cette espèce de microsporidie peut être fatale pour l'abeille [1]. Ses spores parviennent, en effet, à envahir l’intestin de notre abeille d’élevage et entraînent des lésions irréversibles des cellules épithéliales du ventricule, dans l’intestin moyen de l’abeille. Des bouleversements métaboliques aussi, comme l’altération des acides gras de l'hémolymphe (sang) de l'abeille et, au niveau du cerveau, la réduction des glandes hypopharyngiennes [2].

 

Vues microscopique des cellules épithéliales du ventricule, dans l’intestin moyen de l’abeille, au 7ème jour de leur parasitage par le micro champignon Nosema apis (A) et par l’espèce N. ceranae (B). Difficile à discerner, même par les spécialistes ! Cette dernière espèce dévelope toutefois une plus grande proportion de cellules au stade immature (en rose) que matures (en rouge) que N. apis. Une confirmation par technique génétique, par PCR, est toutefois requise (Martín-Hernandez et al. 2009).


    Il y a quelques jours, l'équipe espagnole montrait dans une nouvelle étude [3] que ce micro champignon résiste à tout ou presque. À la sécheresse comme à des températures élevées (jusqu'à 60 °C durant six heures), ou au froid, puisqu'à 4°C ses spores demeurent viables. Ce qui n'est pas le cas de l'espèce apparentée Nosema apis. Increvable ceranae ? Sa bonne « thermotolérance » explique en tout cas sa prolifération et son maintien dans les ruchers durant toute l'année. En outre, 60°C est souvent la température à laquelle l'apiculteur fond la cire de ses vieux cadres pour la récupérer et faire des amorces de nouveaux cadres. Or, vu la thermotolérance de N. ceranae, il est à craindre, soulignent les auteurs de cette étude, que des microsporidies réinfectent de nouvelles colonies...

 

   Il n’empêche, alors que ce parasite a décimé un grand nombre de ruchers en Espagne,  il semble qu’aux États-Unis ce micro champignon n'est pas systématiquement associé aux pertes d'abeilles. Sur les colonies échantillonnées en 2007 [4], N. ceranae n’a été retrouvé que dans la moitié environ des échantillons d’abeilles prélevées, autant dans les ruchers « sains » (témoins) que dans ceux frappés par le CCD, et cela dans des proportions très variables. Aussi, le groupe d’étude sur le CCD demeure divisé sur la responsabilité de ce parasite dans les effondrements de colonies. Tout comme leurs collègues français. Je vous renvoie, une fois encore, à la lecture de L'étrange silence des abeilles pour mieux comprendre l'importance de ce micro parasite et des mystères qui l'entoure...


Demain 11 septembre, la suite : L’acarien Varroa destructor n’est pas le tueur unique


LA SÉRIE...

(1) UNE PREMIÈRE ÉVALUATION TROP ... RICHE ?
(2) UNE MEILLEURE DESCRIPTION DES ÉPISODES D'EFFONDREMENT (CCD)
(3) LA CULPABILITÉ DES VIRUS RELANCÉE ?ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC MAY BERENBAUM SUR SA NOUVELLE DÉCOUVERTE CONCERNANT LES VIRUS...
(5) L’ACARIEN VARROA DESTRUCTOR N'EST PAS LE TUEUR UNIQUE.
(6) DES RÉSIDUS DE PESTICIDES AUSSI NOMBREUX QUE VARIÉS.
(7) COMBINAISONS EXPLOSIVES !
(8) DES  CARENCES NUTRITIONNELLES INQUIÉTANTES.
(9) UN MARQUEUR DU CCD BIEN ÉTONNANT !


[1]  Son faux jumeau, l’espèce Nosema apis, largement répandue en Europe est, elle, rarement mortelle, mais elle peut provoquer de sévères dysenteries chez l’abeille.

[2] Les glandes hypopharyngiennes ont pour fonction principale de produire et de sécréter la partie protéinique de la gelée royale (l'autre partie étant fournie par les glandes mandibulaires et les glandes salivaires céphaliques), à partir de la digestion partielle du pollen et du miel.

[3] S. Fenoy et al. (2009), “High resistance of Nosema ceranae, a parasite of honeybee, to temperature and desiccation”, Appl. Environ. Microbiol. (sous presse).

[4] vanEngelsdorp D et al. (2009) op. cit.

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