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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 07:56

Cette nouvelle controverse scientifique n’est-elle qu’une histoire de rivalité et d’ego ? Une simple volonté de faire un « coup médiatique » dans cette course à l’élucidation du mystère de l’effondrement des colonies d’abeilles ? Pas si simple. Car en mettant en avant tel ou tel facteur dans le drame que vivent nos abeilles, on sait bien que plusieurs logiques s’affirment et, parfois, s’affrontent. Elles procèdent aussi bien de raisons historiques à chaque équipe, de spécialisations scientifiques différentes entre elles, mais aussi de sensibilités politiques et d’intérêts divergents.

Esp-ces-sauvages 5520

© Marcello Pettineo

Des financements industriels ?

C’est dans ce contexte qu’une enquête de Katerine Eban pour le magazine américain Fortune, publié le 8 octobre dernier[1], vient apporter un éclairage troublant sur cette équipe du Montana.  Sous le titre alléchant de “What a scientist didn't tell the New York Times about his study on bee deaths”, que l’on pourrait traduire par “Ce que le New York Times n’a pas dit sur un scientifique au sujet de son étude concernant le décès des abeilles”, cet article fait le buzz dans le milieu apicole outre-Atlantique depuis une semaine. Le grand quotidien américain a, en effet, largement relayé à sa “une”, le 6 octobre, la « découverte » de Jerry Bromenshenk, le leader de ce groupe du Montana, en assurant qu’elle résout le mystère de l’effondrement des colonies (CCD). Mais il n’a pas enquêté sur les sources de financement du groupe du Montana. Or, prétend Katerine Eban dans Fortune, Jerry Bromenshenk et son équipe ne sont pas seulement abonnés aux collaborations avec la Défense, ils percevraient également des subsides depuis quelques années de la filiale américaine du groupe agrochimique Bayer Crop Science. Firme qui, rappelons le, commercialise, ici comme en Europe, le fameux insecticide imidaclopride (connu en France sous le nom de Gaucho), rendu responsable par les apiculteurs du dépérissement des abeilles. Dans le contexte actuel, lorsqu’on travaille sur le sujet, percevoir des subventions d’une firme agrochimique impliquée dans l’environnement des abeilles, relève à l’évidence du conflit d’intérêt. Mais j’utilise à dessein le conditionnel sur ce ou ces paiements industriels car Jerry Bromenshenk  nie catégoriquement « travailler pour Bayer », même s’il refuse de publier ses sources de financement. Et la preuve d’un tel soutien n’est pas apportée par la journaliste du magazine américain. Je veux donc rester prudent sur ce point.

Une omission suspecte

Le doute sur la pertinence des résultats publiés dans PLos ONE demeure fort, à mes yeux, dans la mesure où leurs auteurs se focalisent uniquement sur la responsabilité de deux (ou trois) pathogènes et parasites. Et ils ignorent toutes les autres causes environnementales possibles, en particulier la responsabilité des pesticides, mais aussi les carences en pollen et nectar, ou les stress des conduites apicoles intensives. La raison avancée dans la presse par Jerry Bromenshenk est assez peu convaincante. S’ils n’ont pas travaillé sur cette piste, explique-t-il en substance, c’est que d’autres le font. Notamment ses amis de Pennsylvanie et du Maryland...

journal.pone.0013181.g002L’équipe de J. Bromenshenk pointe, avec ce schéma, le déclin quotidien des vols de butineuses parallèlement à l’augmentation des quantités d’iridovirus (IIV) et de peptides de Nosema ceranae trouvé au sein des abeilles mortes du même lot analysé. © PLos ONE.

Certes, il est vertueux de ne pas vouloir gaspiller les subsides publics (et peut-être privés !) en doublant les travaux d’autres équipes et de vouloir chercher à étudier d’autres facteurs à risque dans ce drame écologique. C’est d’ailleurs la feuille de route tracée par le Groupe de travail sur le CCD dès 2007. Mais tout de même, comment peut-on être crédible dans cette approche sans prendre en compte celles des autres équipes ? Sans intégrer les résultats qui s’accumulent sur l’impact des pesticides, souvent d’ailleurs en synergie avec des pathogènes.

Entendez-moi bien : cette prise en compte ne relève pas, selon moi, du fair play ou de la bienséance académique. Simplement d’une nécessité. Car il faut bien tenter une articulation entre les découvertes des uns et des autres, hiérarchiser les menaces entre elles, si l’on veut un jour recomposer le puzzle complexe du CCD.  C’est d’ailleurs ce que s’évertuent à faire plusieurs scientifiques de part et d’autre de l’Atlantique en avançant l’hypothèse qu’une exposition à des pesticides, même à faibles doses, ou / et l’action de l’acarien Varroa destructor ou du micro-champignon Nosema ceranae pourraient affaiblir les abeilles. Lesquelles seraient alors à la merci de pathogènes comme les virus ou des bactéries.

   Or, pas une fois dans cette publication phare de PLos ONE, les auteurs du Montana ne mentionnent ces facteurs environnementaux qui pourraient bien être pourtant décisifs dans ce processus de destruction massive et par étapes des colonies d’Apis mellifera[2]. Le bras droit de Bromenshenk, Robert Cramer, se contente de suggérer leur existence dans les réponses qu’il m’a apportées avant-hier. Les ignorer à ce point est tout de même curieux et même inconséquent scientifiquement. Et l’assurance, que m’apporte Bob Cramer dans son interview -  « nous ne sommes pas prêts à dire que nous avons trouvé la cause du CCD » - n’y change rien lorsqu’on écrit quasiment l’inverse au sein de cette publication (« IIV, interacting with Nosema and mites, as probable cause of bee losses in the USA, Europe, and Asia. »). Certes le terme de « probable » vient atténuer leur certitude. Mais la hiérarchie est implicite, tout en omettant la responsabilité des pesticides.

   Alors, vraie avancée scientifique ou propagande ? Malgré les compétences indéniables de ce groupe de chercheurs, je m’interroge.


[1]  Pour lire cet article (en anglais), cliquez sur ce lien.

[2] Dernière nouvelle du front anti-pesticides : en France, l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) vient de saisir le Conseil d'Etat pour contester l'autorisation de l'insecticide Proteus qui menacerait les abeilles visitant les colzas traités avec ce nouveau produit (lire notre article à ce sujet).

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 19:25

   Une nouvelle publication scientifique datant du 6 octobre va faire couler beaucoup d'encre dans les jours à venir. Et provoquer espoir et interrogation. Espérons que ces derniers résultats, très intéressants, publiés par dix-huit chercheurs des universités du Montana, du Texas, de Mexico et du Centre biologique et chimique de l'US Army Edgewood dans le Maryland, publiés dans la revue PloS ONE [1], n'entraînent pas une prochaine déception d'autres scientifiques, des apiculteurs et des naturalistes...

   J'ai lu cette nouvelle étude coordonnée par Jerry J. Bromenshenk à qui j'ai justement posé un certain nombre de questions afin de rédiger un prochain article, plus complet, sur ce blog. J'attend ses réponses.

   En deux mots, ce groupe de scientifiques affirment que la coinfection des colonies d'abeilles d'élevage par le virus irisé des invertébrés (Invertebrate iridescent virus ou IIV, de la famille des Iridoviridae[2]), nouvellement identifié dans les colonies d'abeilles nord-américaines, le microchampignon Nosema ceranae et l'acarien Varroa destructor (tout deux déjà évoqués) est « la cause probable des mortalités d'abeilles aux USA, en Europe et en Asie». Pas moins ! 

   Il faut toutefois préciser plusieurs points clés sur cette découverte et ne pas s'emballer trop vite car ce n'est pas la première fois qu'on assure, outre Atlantique ou en Europe, avoir trouvé LE tueur de l'abeille. Souvenez-vous du virus IAPV que plusieurs experts américain du syndrome d'effondrement des colonies (CCD) désignaient en 2007 comme le responsable de ce déclin, ou du microchampignon N. ceranae qui était le vrai coupable selon l'équipe espagnole de Mariano Higes. Au fil des années, leur corrélation avec les disparitions ou les mortalités massives de colonies aux USA s'est avérée insuffisante pour conclure à leur responsabilité unique. On est revenu, avec une approche multifactorielle, à un peu plus de prudence. Il ne faudrait pas alors que ce nouveau couple de tueurs (ou ce nouveau trio, si l'on ajoute au virus IIV et au microchampignon N. ceranae, l'acarien Varroa destructor)  connaissent le même sort : un succès de météorite ! 

   Bien d'autres associations délétères et mortelles ont été mises en évidence depuis deux ans, notamment entre ce microchampignon et des pesticides (par deux équipes de l'INRA d'Avignon) ou des herbicides (par l'USDA du Maryland). Et il va falloir prouver, au moins pour les États-Unis, que la présence de ce couple ou de ce trio infernal ainsi que son mécanisme d'action sont effectivement bien corrélés avec le syndrome du CCD et les phénomènes de disparition mystérieuse de la plupart des ouvrières de la ruche. Ce que la publication ne met pas complètement en évidence. Cela permettrait pourtant de passer de « la cause probable » du syndrome d'effondrement des colonies d'abeille à plus de certitudes.

V. T. 

 


[1]  Jerry J. Bromenshenk et al., "Iridovirus and Microsporidian Linked to Honey Bee Colony Decline", PLoS ONE 5(10): e13181. doi:10.1371/journal.pone.0013181, 6 octobre 2010 (pour lire et télécharger cette publication, en anglais, cliquez sur ce lien)

[2] Les virus de la famille des Iridoviridae sont des virus à ADN, réputés très virulents, qui affectent tous les vertébrés, notamment les animaux aquatiques à sang froid comme les poissons et les amphibiens. Un virus IVV a déjà été identifié en Inde dans les années 70 sur l’abeille asiatique Apis cerana, où il a provoqué de fortes mortalités.      


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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 11:39

 

Pour sauver les abeilles et les autres animaux des campagnes, changez de focale ! C’est, en résumé, le conseil que délivre un groupe de chercheurs anglo-saxons aux politiques en charge de la conservation, après plusieurs années d’études menées en Allemagne puis en Grande-Bretagne. Aujourd’hui rattachée à l’Université anglaise de Leeds, cette équipe vise en fait à comparer l’impact sur la biodiversité rurale des cultures “bios” et conventionnelles. Et leurs observations, conduites dans un grand nombre de fermes, ne manquent pas nuances ni d’intérêt. Présentation de trois de leurs récentes publications. 

Andrena curvungula - Saint Maurice Dargoire 12052007 1                          L'espèce d'abeille Andrena curvungula serait spécialisée dans le butinage des campanules... © Denis Bourgeois

Un cercle végétal vertueux grâce à l’agriculture biologique

« Pour vérifier si les cultures biologiques profitent aux espèces végétales pollinisées par les insectes, nous avons comparé 20 parcelles de céréales et leurs bordures traitées en conventionnel avec 20 autres parcelles cultivées en “bio”, ceci dans trois régions d’Allemagne. » décrivent Doreen Gabriel et ses collègues dans un premier article, paru en 2007 [1].

Premier constat : la diversité des « mauvaises herbes », ou plantes adventices, est nettement plus élevée dans les cultures “bios” (85 espèces d’herbacées) que dans les parcelles conventionnelles (56 espèces identifiées), et davantage en bordure qu’au centre. Rien d’étonnant car l’usage d’herbicides et les fauchages précoces des bords de champs en agriculture industrielle ont eu raison des « salissures » herbacées des milieux ruraux.

Deuxième enseignement, malgré une nette variabilité régionale, les chercheurs trouvent davantage de plantes butinées et pollinisées par les insectes parmi les plantes adventices des parcelles “bios” (34 espèces) qu’au sein des champs conventionnels (21 espèces) où dominent des espèces végétales non pollinisées par les insectes. Là encore, cette différence s’explique par le plus grand nombre d’insectes au sein des cultures (“bios”) que ne viennent pas décimer  les pesticides. L’étudiante Andrea Holzschuh a d’ailleurs trouvé sept fois plus d’abeilles dans ces mêmes parcelles que dans les champs conventionnels étudiés.

4446040157 acc3f2b901 o                                                                                                                         L'espèce d'abeille Anthidium lythrum © Hugues Mouret

Ce double effet des traitements chimiques, tant sur les insectes que sur les plantes qu’ils visitent et dispersent, confirme l’analyse des données historiques sur un très grand nombre de sites, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, dont nous avions déjà parlée ici même [2]. Dans cette étude datant de 2006, Jacobus Biesmeijer et ses collègues de la même université anglaise attestaient alors d’un appauvrissement parallèle des populations d’abeilles sauvages dans ces deux pays – de 30 à 60 % en nombre d’espèces, selon les sites - , mais aussi des plantes à fleurs. Ainsi, au Royaume-Uni, 75 espèces de plantes sauvages pollinisées par les insectes ont régressé tandis que 30 espèces fertilisées grâce au vent ou à l’eau ont gagné du terrain.

 

LA SUITE...


[1] Gabriel D. et Tscharntke T. (2007) Insect pollinated plants benefit from organic farming, Agriculture, Ecosystems and Environment, 118, 43–48.

[2] Biesmeijer J. G. et al. (2006) “Parallel declines in pollinators and insect-pollinated plants in Britain and the Netherlands”, Science, 313 : 351-354.

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 11:38

    Dans une deuxième publication [1], le groupe de chercheurs s’attaque à un dogme défendu jusqu’ici par les écologistes, mais jamais vérifié à grande échelle. À savoir que pour accroître la biodiversité des zones rurales il faut convertir les exploitations traditionnelles en fermes biologiques.

   En premier lieu, ces chercheurs de Leeds montrent que si cette conversion intervient dans des zones d’agriculture traditionnelle mais extensive, encore bocagées et où persistent des éléments semi-naturels comme les haies, les bosquets ou des talus en friches – précieux nichoirs et sources alimentaires pour quantités d’espèces -, le gain de cette conversion sera faible en terme d’augmentation des populations de plantes et d’animaux. Et cela même alors que l’impact sur les niveaux de production alimentaire sera, lui, très élevé : en gros, les auteurs retiennent que la productivité à l’hectare des cultures biologiques est deux fois inférieure à celle des parcelles conventionnelles.

England-travel-Yorkshire-hchalkley                                                                                                            La campagne anglaise boccagée du Yorkshire © H. Chalkley

   Découpage du territoire en zones d'intérêts contradictoires.

   D’où l’idée, ici suggérée, qu’un pays s’étant converti à l’agriculture biologique ne parviendrait plus à nourrir sa population (ou à maintenir ses exportations agricoles). À moins de doubler ses surfaces cultivées... Ce qui réduirait d’autant ses espaces naturels. Pas sûr que les abeilles et les autres insectes pollinisateurs y gagnent au change !

    « Pour assurer la demande de production alimentaire future, mieux vaut conserver une agriculture la plus intensive possible dans les aires les plus productives du pays et compenser comme nous le pourrons son impact en mettant en réserve pour la vie sauvage une partie des terres restantes. » conclue le Professeur d’écologie des populations Tim Benton, qui a dirigé cette étude, dans le communiqué de presse qui accompagne cette publication [2]. Cette partition du territoire entre espaces surexploités et aires protégées n’est pas nouvelle. Cela fait, en réalité, des décennies qu’on s'y emploie, avec le bonheur que l’on sait pour la biodiversité. Et l’augmentation, à la marge, des réserves n’y changera rien. C’est bien de logique de gestion du territoire rural qu’il faut modifier. Et cela en profondeur !

    Une estimation bien partielle...

    Il reste, au demeurant, que cette équipe n’a pas véritablement étudié les systèmes productifs des deux types d’exploitation agricole. Elle constitue ainsi la photographie figée et limitée dans le temps de ces différences de productivité. Les scientifiques soulignent seulement que, pour la plupart d’entre elles, les fermes “bios” anglaises s’implantent dans des sites aux faibles potentiels d’intensivité agricole, pour des raisons topographiques ou des causes climatiques. Ce serait particulièrement le cas dans le centre-sud de l’Angleterre alors que les grandes exploitations industrielles se concentrent plutôt dans la partie orientale du pays.

    Pourtant, si l’on intègre l’ensemble des coûts écologiques, les ressources en eau et en sol notamment, jamais pris en compte dans ce type d’étude comparative, les performances économiques des exploitations industrielles risquent fort de pâlir. Car souvent les fermes biologiques gèrent plus durablement les ressources du sol (par des rotations de culture, notamment) et hydriques (par différents types de couverts des cultures, par exemple).

   Prendre en compte les « services écologiques ».

   À l’inverse, les « services écologiques » apportées par l’agriculture biologique et intégrée – je pense notamment à la lutte biologique contre les ravageurs des cultures grâce à des insectes auxiliaires préservés dans le paysage rural, ou à la conservation des insectes pollinisateurs – ne sont pas davantage comptabilisés dans ce bilan comparatif. Or, ces services ont, à plus ou moins court terme, une réalité économique mesurable. Ne serait-ce que par la pollinisation, qui améliore la production des cultures butinées.

Butineuse d'une crucifère sauvage.jpg                                                                                                                            Le butinage d'une crucifère © Aiguebrun Photoblog 

   Un seul exemple : le colza. En France, la production en semences de colzas hydrides est passée de 2 000 hectares en 2006 à 12 000 ha en 2009 (source GNIS). Et les abeilles sont un levier pour accroître les rendements. C’est ce qu’a établi la firme Syngenta à la suite d’essais réalisés dans le cadre de son programme Bee Partners : ces rendements « peuvent être majorés de 5 à 30 % grâce aux abeilles » assure l’industriel [3]. Les tests montrent également que les butineuses, sauvages et d’élevage, contribuent à augmenter la teneur en huile des graines.

   Même Syngenta l'affirme : les abeilles sont bonnes pour les rendements !

    D’où le lancement par la firme, au Royaume-Uni en 2002, de ce programme Bee Partners. Et les résultats sont spectaculaires, assure-t-elle ! En trois ans, les populations de bourdons, qui avaient considérablement chuté au cours des trente dernières années, ont vu leurs effectifs multipliés par six. « Les Anglais, qui pratiquent un recensement précis de leur entomofaune depuis 1750, s'étaient rendu compte que la disparition des pollinisateurs était liée à la baisse vertigineuse des cultures de légumineuses qui servaient auparavant de nourriture pour le bétail», précise André Fougeroux, responsable biodiversité chez Syngenta [4].

    Il a suffi pour parvenir à ce résultat que les agriculteurs britanniques sèment des mélanges de trèfles, de vesce et de luzerne en bordure de leurs champs pour assister à ce grand retour des insectes butineurs, mais aussi des papillons, des araignées et de certains oiseaux. L'abeille domestique a, elle aussi, profité de la manne en pollen et nectar. Ces bandes fleuries représentent aujourd'hui un millier d'hectares au Royaume-Uni. Et aujourd'hui, la firme a élargi cette opération aux États-Unis et à neuf pays européens, dont la France. Il ne reste plus à Syngenta qu’à produire des semences biologiques et à renoncer à l’agriculture industrielle pour être tout à fait crédible...

4446814788 ce105f25bc o                                                                                           Un bourdon mâle Bombus lapidarius © Hugues Mouret

    Dernière réserve sur les conclusions du groupe de la Faculté des Sciences biologiques de Leeds : ce bilan ne prend pas la mesure des énormes marges de progression dont l’agriculture biologique, trop longtemps délaissée par la recherche agronomique académique, dispose. Plusieurs programmes d’amélioration des techniques, des semences et des performances agronomiques globales sont aujourd’hui à l’œuvre, tant en France que dans un grand nombre de pays européens.

   À l’inverse, de plus en plus de terres exploitées depuis cinquante ans d'une façon industrielle ont bien du mal à garantir les mêmes rendements, sinon à un coût de plus en plus élevé. Aussi, on peut parier, ou du moins espérer, que les données économiques relevées aujourd’hui par cette équipe anglo-saxonne soient à corriger dans quelques années...

 

LA SUITE...


[1] Gabriel D. et al. (2009) The spatial aggregation of organic farming in England and its underlying environmental correlates, Journal of Applied Ecology, n° 46, pages 323–333.  Pour télécharger cette étude, cliquez ici.

[2] Pour lire ce communiqué du 5 mai 2010, cliquez ici.

[3]  Le site de L'Opération Pollinisateur de Syngenta.

[4] Marc Mennessier,  Le Figaro du 13 mai 2010.

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 11:37

      La troisième et toute nouvelle étude [1], toujours publiée par Doreen Gabriel et ses collègues de Leeds, s'interroge précisément sur quelle est la meilleure échelle pour mettre en œuvre des mesures de conservation de la faune et flore rurale. Pour y répondre, l’équipe a utilisé une méthode d’échantillonnage allant de la parcelle au paysage. Et cela sur seize sites de 10 km x 10 km, répartis dans deux régions d’Angleterre, l’une méridionale et l’autre plus au nord du pays. Ils y ont relevé tout ce qui passait, oiseaux et papillons, ainsi que les plantes, et ils ont piégé les insectes pollinisateurs (syrphes, bourdons et abeilles solitaires), les arthropodes rampant au sol, et les vers de terre. Leurs collectes et comptages visuels des différents taxons ont eu lieu, deux fois dans l’été, au centre et en bordure des 192 champs des 32 fermes sélectionnées.

   Les organismes sauvages ne réagissent pas tous de la même façon.     

   Deux enseignements principaux s'en dégagent. D’abord le fait que les alentours et les bordures des champs renferment davantage d’animaux que le centre des champs. Guère surprenant ! C’est particulièrement net pour les papillons et les arthropodes du sol, respectivement quatre fois et trois fois plus nombreux, qu’au cœur des parcelles. De même, le facteur latitudinal est également net pour certains groupes : c’est le cas des abeilles solitaires cinq fois plus abondantes dans le sud du pays.

    Quant à l’impact  des cultures biologiques pour la biodiversité, le bilan est finalement contrasté en fonction des groupes d’animaux et des échelles spatiales considérées. Et c'est cela le véritable intérêt de leur étude. Ainsi, l’avantage est très net pour les plantes, bien plus denses dans les parcelles “bios” que dans les champs conventionnels (la différence est moins marquée pour les alentours des deux types de champs), de même qu’à l’échelle du paysage dans un site dominé par les cultures biologiques. Comme si l’usage de désherbants et d’insecticides bloquait, en quelque sorte, la dynamique du développement des plantes adventices. De la même façon, les arthropodes du sol, les papillons, ainsi que les abeilles solitaires ou les bourdons des cultures sont plus abondants dans les zones “bios”. Notons que cet effet positif des cultures “bios”est particulièrement net sur les abeilles solitaires au centre des champs ou des prairies dans les sites du Nord de l’Angleterre.

papillon+image+macro+nature+(4)                                                                                                                                                                                        © Laubaine

 Les champs conventionnels peuvent être bénéfiques pour certains animaux...

Cet avantage est toutefois pour les abeilles moins marqué aux alentours des champs, et il disparaît ou s’inverse dans le cœur et les alentours des prairies méridionales. La variabilité est encore plus forte pour les bourdons qui ne trouvent réellement avantage avec le système “bio” qu’au centre des cultures de l’ensemble du pays et des prairies du Nord. Leur abondance est, en revanche, plus forte dans les marges des champs conventionnels partout en Angleterre, de même qu’aux alentours des prairies méridionales du pays. Dernier groupe de pollinisateurs, les syrphes sont finalement plus communs au sein et autour des prairies traités d'une façon conventionnelle, tout en demeurant plus abondants au centre et aux marges des champs “bios”.

    Quant à la diversité des oiseaux champêtres, elle demeure également plus grande dans les zones conventionnelles – sauf pour les corvidés. Curieux, alors que leurs proies (insectes, arthropodes et vers de terre) se concentrent davantage dans les aires converties au “bio” ! « Il semble d’après nos résultats, qui confirment deux autres études récentes, que les caractéristiques du paysage, la proportion des surfaces cultivées et des prairies semi-naturelles, la longueur des bordures et alentours de champs, sont en réalité plus déterminantes pour l’abondance des oiseaux des champs, fortement mobiles, que le fait qu’il s’agisse de cultures biologiques ou pas » avancent les auteurs de l’étude en guise d’explication. La domination des corvidés, farouches compétiteurs de l’avifaune rurale et prédateurs de leurs nids, dans les espaces biologiques plus boccagés, où demeurent de nombreux bosquets et bois, pourraient également être à l'origine de ce résultat inattendu.

    Moduler les efforts de conservation selon les échelles spatiales.

    Au final, en Angleterre, le bénéfice des cultures “bios” apparaît « globalement positif », mais plus contrasté qu’on ne l’a prétendu jusqu’ici – évalué, toute espèce confondue, à un modeste + 12,4 %. Le paramètre primordial pour favoriser la biodiversité est plutôt la diversité des structures du paysage et la présence d’éléments semi-naturels (haies, bosquets, friches, buttes fleuries, prairies extensives...) pour plusieurs groupes d’animaux. Il faut donc, insistent à raison les chercheurs anglo-saxons, concevoir des mesures agro-environnementales adaptées à différentes échelles et dépasser le seul cadre des exploitations, si l’on veut améliorer la conservation de la biodiversité rurale. C’est un message analogue qu’apportaient déjà en 2008 leurs collègues français de l’INRA à la suite de l’expertise collective sur la “Biodiversié et l’Agriculture” [2].

    Au-delà de l’échelle à laquelle il convient de concevoir et appliquer les programmes de préservation de la biodiversité, on peut considérer effectivement que si le paysage rural continue à être parsemé d’un chapelet d’oasis sans traitements chimiques au milieu d’un vaste océan de parcelles industrielles, rien ne s’améliorera durablement. Car la dynamique des populations animales, qui ont des capacités de déplacement, s’effectue bien à une échelle plus vaste : celle du paysage.

   L’objectif est donc, selon moi, d’enrichir ce paysage d'une mosaïque de structures physiques et biologiques, sans attendre le “grand soir” écologique, c’est-à-dire qu’une révolution culturelle et économique remette en cause partout le modèle agricole dominant. Outre les réductions indispensables d’engrais et de pesticides, et ce remodelage soutenu du paysage rural, il faut apprendre à hybrider les approches et les techniques, à décloisonner les systèmes et les filières agricoles, à réintroduire plus de polyactivité, plus de souplesse et davantage de sécurité des revenus. Plus que des recettes, c’est une nouvelle approche qu’il s’agit d’introduire dans le monde agricole : il est urgent de multiplier les essais agricoles, sociaux et commerciaux – véritable recherche-développement agronomique à grande échelle – en rendant leur créativité aux agriculteurs.

biodiversite_Lautaret--S_Aubert-.jpg                                                                                                           Prairie fleurie au Col du Lautaret dans les Alpes © S. Aubert

    Des réalisations récentes en France qui vont dans le bon sens.

Dans le Gers, l’association Arbre & Paysage 32  diffuse des techniques d'agroforesterie consistant à planter des arbres au sein même des champs cultivés. Et le bilan d’une étude conduite sur trois ans avec l'aide d'apiculteurs gersois et Virginie Britten de l'association de développement de l'apiculture en Midi-Pyrénées, a permis de confirmer que ces éléments boisés au sein des parcelles sont plus favorables aux abeilles que des monocultures homogènes.

Toujours dans les campagnes, en plus de L’Opération Pollinisateurs de Syngenta lancée ce mois-ci sur dix sites du centre et sud-est de la France, et la création sur 1 500 hectares de friches apicoles analogues par le Réseau Biodiversité pour les Abeilles, soutenu cette fois par l’industriel BASF, ce sont des agriculteurs du Haut-Rhin qui ont semé des plantes sauvages mellifères au sein de jachères. Et cela grâce à un partenariat avec le conseil général et les établissements Gustave Muller qui fournissent les semences. L’expérience a débuté il y a trois ans sur 20 hectares, retrace le quotidien L’Alsace [3], puis sur 80 ha l’an dernier. Cette année, 300 ha ont été plantés ainsi. Et selon les observateurs, en plus des insectes pollinisateurs, on voit déjà réapparaître une belle diversité d’animaux dans ces prairies de fleurs sauvages : des papillons, des coléoptères, des  lézards, des oiseaux... L’expérience vient d’être étendue aux services des Espaces Verts d’une centaine de communes du Haut-Rhin qui créent des bandes fleuries et des haies d’arbustes mellifères à la place des gazons et massifs horticoles.

Cela viendra-t-il contrer les fortes pertes d’abeilles que déplorent cette année encore les apiculteurs alsaciens – plusieurs ruchers auraient perdu cet hiver 50 % et plus de leurs effectifs ? Pas sûr, hélas.



[1] Gabriel D. et al. (2010) Scale matters: the impact of organic farming on biodiversity at different spatial scales, Ecology Letters, doi: 10.1111/j.1461-0248.2010.01481.x. 301 espèces de plantes et 19 espèces d’oiseaux des champs ont été identifiées au cours de cette étude, et 9026 vers de terre collectés, ainsi que 119 121 arthropodes de la litière, 4 451 papillons, 10 420 syrphes, 4 399 bourdons et 5 751 abeilles solitaires. Pour télécharger cette étude, cliquez ici.

[2] Le Roux X. et al. (éditeurs), 2008. “Agriculture et biodiversité. Valoriser les synergies.” Expertise scientifique collective, INRA (France). Pour télécharger la synthèse de 116 pages, cliquez ici , ou explorer le lien web consacré à cette expertise collective.

[3] L’Alsace, E. S., le 15 mai 2010.

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 11:36

L’Opération Pollinisateurs, lancée en France par Syngenta après huit ans d’expérimentation concluante au Royaume-Uni, vise à rétablir des insectes butineurs sauvages aux abords des champs. Et cela grâce à des friches composées de plantes mellifères.

En Angleterre, ces parcelles apifriendly ont atteint le millier d’hectares. Et il aurait permis, selon la firme, de multiplier par 600 les effectifs de bourbons et de régénérer des populations d’espèces rares comme celui de Bombus ruderatus. Globalement, le nombre des autres pollinisateurs sauvages aurait été multiplié par dix. Devant ce succès, Syngenta lance,  depuis janvier, cette opération dans de nouveaux pays, dont les États-Unis et la France [1].

BombusRuderatusAvonDassettL'espèce rare du bourdon Bombus ruderatus prospère à nouveau en Angleterre, ici sur la fleur d'un pois sauvage. © Steve Falk

Dans l’Hexagone, l’industriel s’est associé à des producteurs de melons et des multiplicateurs de colza hybride, deux cultures dont les rendements et la qualité dépendent en partie des pollinisateurs. Et si la profession reste dubitative sur cet avantage économique, l’industriel bénéficie d’un atout réglementaire nouveau : depuis le 1er janvier dernier, les agriculteurs ont l'obligation de consacrer au moins 1 % de leur exploitation à la préservation de la biodiversité, s'ils veulent percevoir certaines subventions européennes. Et le seuil devrait passer à 5 % en 2012.

Sur dix sites, Syngenta pilote l’ensemencement de bandes enherbées expérimentales par divers mélanges de plantes mellifères, en particulier des légumineuses (trèfle, luzerne, lotier, mauve, bourrache, vipérine, vesce, phacélie, sainfoin). Ni usage débridé de pesticides sur ces friches apicoles, ni labour pour replanter des annuelles afin de ne point détruire les nids au sol de la plupart des abeilles sauvages. Ce programme d’une durée de cinq ans doit déboucher sur le meilleur cocktail végétal possible. Celui qui offrira à la fois le couvert aux abeilles durant toute la belle saison et améliorera les sols par un apport d’azote. « Nous ferons l’inventaire des pollinisateurs apportés par ces jachères et nous étudierons leur intérêt pour les cultures », précise dans Le Figaro [2] Alain Treil, responsable de la recherche sur les productions de colza. «Les abeilles domestiques et les pollinisateurs sauvages ont des plages d’activité complémentaires. La combinaison des deux s’annonce comme une solution avantageuse pour sécuriser les rendements», ajoute le représentant de la firme.

On le voit, l’opération de Syngenta se veut exemplaire. Il en faudra sans doute davantage pour convaincre les apiculteurs que le fabriquant du Cruiser veut seulement le bien des abeilles. De toutes les abeilles...



[1] Le site web de L'Opération Pollinisateurs de Syngenta.

[2] Marc Mennessier, Le Figaro du 13 mai 2010.

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 11:05

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                                                                               Un nid d'Osmia avoseta vue du dessus © MaxiSciences

Toutes les abeilles ne vivent pas en colonie dans des nids faits de cire. Découverte dans la province turque d'Antalya, l'espèce Osmia avoseta niche, en solitaire, au sein d’un nid aménagé au sol à partir d’argile et de pétales de fleurs colorées. Selon la technique du mille-feuilles : une couche de pétales recouverte d’une fine couche d’argile, à son tour enrobée d'un second parement de pétales. Raffiné !

 

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Un cocon précieux dans une alcove florale... © MaxiSciences

Après avoir empli de nectar et de pollen la ou les deux chambres que contient ce nid, la femelle y dépose un œuf unique. Elle scelle alors l'ouverture supérieure de cette nurserie florale en repliant les pétales et en les collant à l'aide de boue. Ainsi protégée des prédateurs, la larve peut faire durant dix mois le plus beau des rêves : un rêve floral aux parfum d’une somptueuse délicatesse...

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Le nid d'O. avoseta, de 1,5 à 5 cm de long, extrait dans toute sa longueur  © MaxiSciences


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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 20:34

L’abeille en ville ? C’est très tendance ! Notre chère butineuse offre une source de visibilité médiatique et de revenus financiers très appréciables pour certains syndicats apicoles. Car les ruches installées sur les toits des établissements publics ou privés sont louées au prix fort. Nous nous étions fait l’écho de l’intérêt (la sensibilisation d’un large public aux fonctions écologiques et à la biologie de l’abeille) et des ambiguïtés (l’avenir de l’abeille est-il vraiment en ville ?) de telles opérations dans mon livre sur Le  silence des abeilles et ici même, sur ce blog.

Aujourd’hui, le programme européen Life+ Biodiversité lance UrbanBees dans l'agglomération du Grand Lyon et ses alentours (milieux urbains et périurbains, avec des sites témoins et de mesures en zones semi-naturelles protégées). Original, ce programme se déroulera en trois actes et sur cinq ans.

4446878818 6ab326511a o                                                                                                                  Une petite abeille sauvage du genre Mégachile © Hugues Mouret

Premier acte : l’inventaire de la diversité des abeilles en ville.

Les auteurs du programme montrent à juste titre qu’en dépit de son succès, on dispose d’assez peu de données scientifiques pour expliquer l’épanouissement de Maya la citadine. Et en premier lieu, on connait mal la diversité de ces abeilles et autres bourdons sauvages qui ont colonisé nos cités. Méconnaissance aussi sur la nature de leurs ressources alimentaires, sur leurs préférences parmi la flore cultivée en jardins, parterres, terrasses et balcons, sur le rôle joué par les plantes exotiques cultivées en ville, mais aussi sur la diversité des habitats que trouvent ces pollinisatrices urbaines.

Leur enquête scientifique s’appuiera sur l’inventaire des abeilles [1] de la région Rhône-Alpes engagé depuis 2007 par l’excellente association naturaliste Arthropologia, véritable pilote d’UrbanBees [2]. C’est elle qui assurera la coordination sur le terrain, le travail de collecte, de préparation et de détermination des abeilles et des plantes, ainsi que la formation, l’animation et la création d’expositions et d’un guide de gestion. L’autre partenaire clé du programme : l’UMR406 Abeilles et Environnement de l’Institut national de la recherche agronomique à Avignon, dont la qualité des travaux sur la pollinisation et sur l’écologie des abeilles n’est plus à démontrer. Citons également la participation du Centre de Culture Scientifique, Technique et Industriel de l’Université de Lyon, et bien sûr des services des Espaces Verts des villes de Lyon et de Villeurbanne sans lesquels cet ambitieux programme d’études et tests sur l'acclimatation des abeilles urbaines resterait un coup d’épée dans l’eau. Enfin, le Muséum d’Histoire Naturelle de Londres interviendra comme expert sur les identifications d’abeilles, et participera à la conception et à la diffusion du plan de gestion et de l’exposition internationale qui doit suivre.

4505681837 17ac9bf486 oOsmia cornuta nichant dans un tas de bois © Hugues Mouret

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Deuxième acte : bâtir des hôtels et un meilleur cadre de vie pour les butineuses.

Pour ce deuxième volet du programme, développé en parallèle du premier, les acteurs d’UrbanBees vont agir sur deux fronts. Ils mettront d'abord en place des aménagements pilotes pour favoriser l’implantation et la croissance des abeilles sauvages en milieu urbain et périurbain. Et cela sur 24 sites [3], à partir de la fin août 2010 :

- des hôtels à abeilles remplis de différents matériaux (bûches percées d'essences diverses, tiges creuses et à moelle tendre, briques creuses, terre sèche) ;

- des carrés de sol de plusieurs substrats ;

- une spirale à insectes en pierre plate et terre, plantée d'aromatiques ;

-  des nichoirs aériens.

Notons que les dispositifs au sol sont véritablement innovants et... indispensables. Car si notre abeille à miel (Apis mellifera) habite des ruches ou forme ses essaims dans les arbres ou sous un toit, un grand nombre d’espèces solitaires logent dans des souches d’arbres ou à même la terre.4446854488 7304eeac19 o 4506324730 612f3586b2 o4506324370 0496179b76 o

Nid au sol d'Halictus scabiosae © Hugues Mouret

Une action complémentaire va être développée avec les services municipaux, voire les particuliers : celle d’une gestion alternative des espaces verts, plus favorable aux pollinisateurs. Cela passe, détaillent les auteurs de ce programme, par « l’absence de traitements chimiques, la plantation de prairies fleuries, des fauches tardives et décalées, mais aussi l’implantation de bosquets, de haies, de talus, de pierriers, et de mélanges floraux dans les espaces verts et ruraux. » On peut rappeler, au passage, que la réduction drastique (d'environ 80 % !) des traitements par pesticides des espaces verts de la ville de Paris explique, en large partie, sinon le dynamisme des colonies d’abeilles mellifères introduites dans la capitale, du moins les faibles concentrations de résidus chimiques retrouvées dans leur miel. À Lyon, des réunions d’information présenteront les objectifs d’UrbanBees aux personnels concernés et des formations seront proposées afin d’acquérir des connaissances spécifiques sur une gestion appropriée pour favoriser le nourrissage et la reproduction des abeilles sauvages, tout en réduisant la flore exotique envahissante.

Le grand public n’a pas été oublié. Il sera également sensibilisé à cette action grâce à plusieurs rencontres et conférences, des animations en milieu scolaire, des expositions fixes et une itinérante, une brochure d’information sur les abeilles sauvages et leur activité pollinisatrice, ainsi qu’un livret sur les bonnes pratiques pour assurer leur épanouissement. 

Eucera alticincta male2 limonestchampivost050806rec                                                                      Eucera alticincta mâle aux longues antennes sur une fleur de pissenlit © Hugues Mouret

Dernier acte : fournir un protocole de bonne gestion pour l’abeille exportable dans d’autres territoires.

Tous les éléments positifs de cette nouvelle politique pour l’abeille en ville constitueront la base d’un protocole simple susceptible d’être mis en oeuvre au sein d’autres agglomérations, non seulement en France mais également à l’échelle de l’Union Européenne. À cette fin, des conférences seront organisées dans des agglomérations importantes d'Europe souhaitant reproduire et adaptée ce plan de gestion. Et une exposition internationale itinérante (français/anglais) sera réalisée en se basant sur les résultats du programme.

« Un suivi de la colonisation et des populations sur quatre ans permettra de proposer un modèle de gestion pour augmenter la biodiversité des abeilles sauvages en milieux urbain et périurbain. » ajoute l’association Arthropologia. Et les naturalistes, qui espèrent qu'UrbanBees générera plusieurs publications scientifiques, s’attendent que le gain en biodiversité dépasse le seul cas des abeilles : la gestion et les aménagements diversifiés devraient profiter à de nombreux autres groupes d’espèces, notamment à des arthropodes (insectes, arachnides), des amphibiens, des reptiles, des oiseaux, ainsi qu’à la flore sauvage, aux dépens d’une flore exotique introduite, potentiellement concurrente et envahissante.

Thyreus sp - Serignan du Comtat 14082007Cette superbe abeille du genre Thyreus a été prise en 2005 dans le jardin de la maison du fameux entomologiste J.-H. Fabre, à Sérignan-du-Comtat (84) © Denis Bourgeois

Remettre en perspective la biodiversité urbaine.

Pouvant abriter d'importantes populations d'abeilles, les milieux urbains joueront-ils, demain, un rôle de refuge transitoire ou permanent pour certaines espèces de la faune et de la flore, avant une recolonisation des campagnes aujourd’hui trop polluée ou fragmentée par l’agriculture intensive ? C’est le secret espoir d’Hugues Mouret, le directeur d’Arthropologia, qui justifie ainsi cette action en milieu urbain : « C’est sûr qu’il y a encore beaucoup d’actions de préservation à conduire en milieu rural, mais le programme européen Life souhaitait avant tout focaliser notre action pilote en zone urbaine. Non seulement parce qu’il y a plusieurs questions scientifiques en suspens, sur les ressources alimentaires et les habitats trouvés en ville par les abeilles, ainsi que sur leurs niveaux de pollution réels et leurs diverses sources. Mais aussi parce qu’en ville, nous disposons de sites plus maîtrisable qu’à la campagne et dans les milieux naturels pour tester certains dispositifs de nidification expérimentaux, qui pourront ensuite s’exporter à l’ensemble du territoire national et intéresser d’autres groupes d’animaux. »

Ainsi, tout en créant de profondes ruptures et des barrières pour la faune, les agglomérations urbaines tentaculaires peuvent devenir des refuges et des relais pour plusieurs populations animales – d’arthropodes notamment. Leurs nombreux espaces verts, même limités en taille, pourraient constituer alors des sortes de corridors biologiques à l’échelle du territoire national. Et participer à ce maillage du continent indispensable en populations animales et végétales naturelles.

Malin, cohérent et ambitieux, UrbanBees s’inscrit dans cette perspective salutaire. Et elle sort l’abeille du marketing apicole actuel pour tenter une réelle politique de découverte et conservation de la biodiversité urbaine. On a envie de dire : enfin !

 


[1] En fait, des abeilles, mais aussi des bourdons et des guêpes pollinisatrices.

[2] Contact : Charlotte Visage – Coordinatrice d’Urbanbees (Charlotte.visage@avignon.inra.fr - 06 71 39 42 03 / 04 78 35 34 25) . À la fin du mois de juin, un site internet interactif sera ouvert : www.urbanbees.eu . Par courrier, écrire à Arthropologia (UrbanBees), 7, place de l'Église 69210 Lentilly. Le site d'Arthropologia : http://www.arthropologia.org/ .

[3] Huit sites témoins et de mesures concerneront des zones semi-naturelles, et le cœur d’UrbanBees s’effectuera dans seize sites aménagés des zones urbaines et périurbaines. Huit sites seront équipés en 2010 : à Lyon, dans le Parc de la Tête d’Or, le Parc de Gerland, et à Cressonière ; à Villeurbanne, dans le Jardin éphémère Léon Chomel ; à Meyzieu, au sein du Parc naturel urbain ; à  Sainte-Foy-les-Lyon, dans des jardins familiaux ; ainsi que dans les communes de Limonest, Francheville et du Grand Moulin de l’Yzeron. Huit autres suivront en 2012 : à Lyon, Villeurbanne, Grigny, Saint-Priest, Marcy l’Étoile, Collonge-au-Mont d’Or.

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 17:34

 

Dans les mois à venir, de nouvelles enquêtes apicoles nous diront si l’année 2009 aura été plus clémente ou pire pour les cheptels d’abeilles mellifères en Europe que l’année précédente. Aux États-Unis, la dernière enquête nationale montre que la série noire se poursuit, voire s’aggrave ! Rien ne permet donc de penser que ces données modifieront l’inquiétante tendance tracée en 2009 par les deux bioéconomistes Marcelo Aizen et Lawrence Harder : celle d’une difficulté à satisfaire les besoins agricoles mondiaux de pollinisation[1]. Et cela malgré une croissance de 45 % dans le monde du nombre des colonies d’Apis mellifera entre 1961 et 2005 - essentiellement en Chine, en Argentine, au Canada et en Espagne. La raison ? À la même période, les surfaces de cultures dépendantes des pollinisateurs ont littéralement explosé, s’accroissant de plus de... 300 % ! Déjà, 62 à 73 % des cultures étudiées témoignent de carences de pollinisation.

Récemment, un groupe de spécialistes européens et américains des abeilles a mis en lumière les menaces qui pèsent plus particulièrement sur les communautés de pollinisateurs sauvages du fait des élevages apicoles[2].  Rien de vraiment nouveau, si ce n’est leur insistance sur le rôle supposé négatif des élevages. Après avoir rappelé les dernières données alarmantes sur les abeilles, les bourdons et les papillons sauvages dans plusieurs pays d’Europe, ces chercheurs reviennent sur l’impact que peuvent avoir les élevages d’abeilles mellifères pour les communautés natives.

 

     L’abeille d’élevage : une pique-assiette pour ses congénères sauvages ?

Ils rappellent que l’introduction de milliers d’abeilles dans un territoire, pour la pollinisation des cultures ou la production de miel, peut avoir un impact sur les pollinisateurs sauvages indigènes à travers la compétition pour les ressources floristiques ou du fait d’interactions directes[3]. Ainsi, le butinage de 90 % des mêmes plantes par Apis mellifera et les différentes espèces locales de bourdons peut durc la compétition entre pollinisateurs, comme le rapporte Dan Thomson aux États-Unis. Même chose au Japon, entre l’espèce de bourdon introduite Bombus terrestris et certaines espèces natives visitant plus de 70 % des mêmes plantes[4].

Rucher Bize-Minervois.jpg                                                                                               Rucher dans la garrigue languedocienne, à Bize-Minnervois © V. Tardieu

Rien ne prouve pour autant que cette compétition accrue soit à l’origine des pertes de viabilité des communautés natives, rappellent d’autres chercheurs[5], qui pointent de nombreuses observations contradictoires sur le sujet : certaines études ne montrent aucun impact significatif sur les pollinisateurs indigènes[6], tandis que d’autres attestent d’effets préoccupant sur la reproduction et la taille des pollinisateurs autochtones[7], mais aussi l'existence d'hybridations entre abeilles sauvages et d'élevage conduisant à un appauvrissement de la diversité génétique, voire à une disparition de races locales[8].

                                                                                       

Des pourvoyeurs de nouvelles maladies ?

Les auteurs anglo-saxons de l'étude insistent encore sur la nécessité de connaître l’importance et l’impact des pathogènes diffusées par les élevages d’abeilles parmi la faune sauvage. Tout en reconnaissant la faiblesse des études sur les transferts de maladies entre populations d’élevage et sauvage, ils assurent que ce problème est sous-estimé ou simplement ignoré [9]. Ainsi, par exemple, l’introduction du virus des ailes déformées (DWV) pourrait s’avérer beaucoup plus virulent parmi deux espèces de bourdons que chez son hôte d’origine, l’abeille A. mellifera [10]. On ne peut pas, pour autant, assurer que ce virus menace la viabilité des populations de bourdons. De même, on sait que les abeilles d’élevage dispersent plusieurs parasites dangereux pour les pollinisateurs, tels l’acarien Varroa destructor, les champignons Ascosphaera apis  ou ceux du genre Nosema, ainsi que le petit coléoptère des ruches (Aethina tumida), parmi plusieurs populations de bourdons ou d’abeilles sauvages[11]. Mais, là encore, leur impact sanitaire n’est pas démontré. 

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                                                                                                  Champ de tournesols à Joline © Framboise Roy

Mieux hiérarchiser les menaces pour les abeilles   

Dans un contexte agro-écologique (fragmentation des habitats, moindres ressources floristiques et expansion des épandages de pesticides) peu favorable aux insectes pollinisateurs, toute compétition accrue pour disposer des ressources alimentaires et toutes charges parasitaires nouvelles renforcent a priori les difficultés de survie des insectes sauvages. Cela paraît évident. Je reste toutefois perplexe sur cette tendance qu’ont certains chercheurs à insister sur ce point mal étayé depuis quelques années – et à faire ainsi « porter  le chapeau » du déclin des pollinisateurs aux abeilles d’élevage. Ces dernières passent alors du statut de victimes des excès de l’agriculture intensive à celui de coupables du déclin des pollinisateurs sauvages. Curieuse façon de jouer une catégorie de victimes contre une autre !

« S’il est douteux que l’on puisse remplacer l’abeille mellifère par d’autres espèces, il serait bénéfique de disposer d’alternatives en élargissant l’offre d’insectes pollinisateurs, tempère, dans les colonnes du quotidien Salt Lake Tribune du 19 avril, le jeune entomologiste David Tanner à l’Université de l’État de l’Utah, qui vient de découvrir deux nouvelles espèces d’abeilles dans une réserve de Californie (lire notre brève). Cela suppose de toute façon bien d’autres études pour déterminer quelles espèces pourraient jouer ce rôle. D’où l’importance de préserver toutes les espèces de pollinisateurs actuelles et d'identifier de nouvelles espèces »

Mieux connaître les processus de pollinisation dans l’espace rural ou les milieux naturels, et préciser la compétition entre communautés pour accéder aux ressources et aux sites de nidification, s’avèrent effectivement indispensables si l'on veut adopter des politiques de conservation efficaces. Mais pour éviter d’ajouter de la confusion aux méconnaissances actuelles, on aurait pu espérer que les auteurs de cette publication rappellent clairement la hiérarchie des facteurs à risque connus actuellement pour l’ensemble des pollinisateurs : le fait que sont bien les composantes des systèmes agricoles eux-mêmes (les pesticides, les monocultures extensives, la destruction des habitats semi-naturels...) qui initient le déclin des différentes communautés de pollinisateurs, et non certains maillons (affaiblis) de ces réseaux de pollinisateurs.

 


[1] Aizen, M.A. et Harder, L.D. (2009) The global stock of domesticated honey bees is growing slower than agricultural demand for pollination. Curr. Biol. 19, 1–4.

[2] Simon G. Potts et al. (2010) Global pollinator declines: trends, impacts and drivers. Trends in Ecology and Evolution (sous presse). Cliquez ici pour lire cette publication.

[3]Thomson, D.M. (2006) Detecting the effects of introduced species: a case study of competition between. Apis and Bombus. Oikos 114, 407–418.

[4] Matsumura, C. et al. (2004) Invasion status and potential ecological impacts of an invasive alien bumblebee, Bombus terrestris L. (Hymenoptera: Apidae) naturalized in Southern Hokkaido, Japan. Glob. Environ. Res. 8, 51–66.

[5] Stout, J. et Morales, C.L. (2009) Ecological impacts of invasive alien species on bees. Apidologie 40, 388–409.

[6]Steffan-Dewenter, I. et Tscharntke, T. (2000) Resource overlap and possible competition between honey bees and wild bees in central Europe. Oecologia 122, 288–296 ; Roubik, D.W. et Wolda, H. (2001) Do competing honey bees matter? Dynamics and abundance of native bees before and after honey bee invasion. Popul. Ecol. 43, 53–62.

[7]Thomson, D.M. (2006) ; Goulson, D. et Sparrow, K. (2009) Evidence for competition between honeybees and bumblebees; effects on bumblebee worker size. J. Insect Conserv.13, 177–181.

[8]Franck, P. et al. (1998) The origin of west European subspecies of honeybees (Apis mellifera): new insights from microsatellite and mitochondrial data. Evolution 52, 1119–1134.

[9]Woolhouse, M.E.J. et al. (2005) Emerging pathogens: the epidemiology and evolution of species jumps. Trends Ecol. Evol. 20, 238–244.

[10] Genersch, E. et al. (2006) Detection of deformed wing virus, a honey bee viral pathogen, in bumble bees (Bombus terrestris and Bombus pascuorum) with wing deformities. J. Invertebr. Pathol. 91, 61–63.

[11] Goulson, D. (2003) Effects of introduced bees on native ecosystems. Annu. Rev. Ecol. Syst. 34, 1–26.


 

 

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 17:33

La situation ne s’arrange pas dans les ruchers américains. C’est ce qui ressort de l’enquête concernant plus de 22,4 % des 2,46 millions de colonies d’abeilles mellifères estimés aux États-Unis par les inspecteurs apicoles américains (AIA) et le laboratoire de recherche sur l’abeille à Beltsville, dans le Maryland (USDA-ARS ) [1]. En effet, après l’hiver 2009, les pertes des colonies apicoles sont estimées pour ce printemps à 33,8 %. Le déclin des abeilles d’élevage s’aggrave donc chaque année davantage, après les pertes de 29 %, 35,8 % et 31,8 % enregistrées les trois années précédentes. Cette véritable série noire mêle à des fortes mortalités au sein des ruches, des disparitions mystérieuses et brutales de colonies. Un phénomène encore mal expliqué que l’on a appelé en 2007 le “Syndrome d’effondrement de la colonie” (CCD).

En fait, seuls 28 % des apiculteurs sondés ont indiqué avoir connu un tel syndrome au sein de leur rucher au cours de l’hiver dernier. Mais ce sont ces éleveurs victimes du CCD qui paient néanmoins le plus lourd tribut : leurs pertes s’élèvent globalement à 44 %, contre 33,8 % au niveau national et 25 % chez les exploitants n’ayant pas déclarés de cas de CCD. Comme quoi, ce syndrome demeure un phénomène particulièrement sévère pour les abeilles américaines.

Autres signes de cette dégradation sanitaire, le nombre d’exploitants touchés cette année par ces diverses formes de pertes apicoles a augmenté de 23 %. Et leur perception qu’il s’agit de « pertes anormales » ne cesse de croître au fil des enquêtes, rapportent les auteurs de cette note publiée sur le site web du Centre de recherche sur la pollinisation de l’Université d’État de Pennsylvanie [2]: 61 % de leurs pertes sont à présent jugées anormales et insupportables !

Notons que ces chiffres de pertes ne concernent que celles étant survenues en hiver, et n’intègrent pas celles du printemps ou de l’été 2009, qui ont pu donner lieu à des remplacements par divisions, croissance et rachats. Enfin, les toutes premières données de ce printemps 2010 font craindre aux spécialistes un été des plus calamiteux pour les élevages d’abeilles américains, rendant cette filière agricole « de moins en moins durable », craignent les auteurs de l’étude.

Dernier point, il est aussi intéressant de noter que malgré l’impact du CCD, ils ne sont que 5 % des apiculteurs interrogés à le rendre responsable de leurs pertes. Ceux-ci les rattachent plutôt à un manque de ressources en nectar et pollen (dans 32 % des cas), à une mauvaise météo (dans 29 %), à un affaiblissement jusqu’à l’effondrement de leur colonie (pour 14 %), à l’acarien Varroa destructor qui pompe le « sang » des abeilles et leur transmet des virus (dans 12 % des cas), ou   « à des reines trop faibles chez 10 % des colonies perdues. Une autre façon de témoigner du caractère « multifactoriel » de ce déclin des colonies décrit par les spécialistes des abeilles.



[1] 4 231 apiculteurs ont répondu à cette enquête, soit un chiffre bien plus élevé (d’un facteur dix) que les années précédentes.

 [1] Ces résultats préliminaires d’une enquête encore à publier ont été rendus public le 22 avril 2010 : « Honey Bee Colonies Losses in the U.S., winter 2009-2010 », rédigé par Dennis vanEngelsdorp de l’Université d’État de Pennsylvanie, Jerry Hayes du Département de l’Agriculture de Floride, Dewey Caron de l’Université d’État de l’Oregon, et Jeff Pettis du laboratoire de recherche sur l’abeille de Beltsville (USDA-ARS ). Pour consulter cette synthèse, cliquez ici.

 

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